ressources Lucinda Childs spectacle Pastime, Carnation et Museum Piece de Lucinda Childs

Pastime, Carnation et Museum Piece de Lucinda Childs

Jeudi 28 avril à 19h et vendredi 29 avril à 21h | friche la belle de mai

 Production : SCARLETT’S
 Coproduction : ADC- Association pour la danse contemporaine
 Soutiens : La Ville de Genève, la fondation Stanley Johnson, la Loterie -Romande, la Fondation Nestlé pour l’Art et la FondationLouis Vuitton
 Remerciements à La cie La Ribot, la cie Gilles Jobin, PaulineWassermann, -Edward Childs, Lou Forster, Joëlle Masselot,Jacques Beytrison, Didier -Stauffer, Clive Jenkins

Choréographie Lucinda Childs Danse Ruth Childs Création lumière Eric Wurtz Direction Technique Marie Predour Régie Pierre Montessuit Oeil extérieur Anja Schmidt Administration/diffusion Emporte pièces production (Florence Chappuis)

Trois solos de Lucinda Childs dansés par Ruth Childs

 

Pour la danse contemporaine, Lucinda Childs est une icône de la danse post-moderne.
Il se trouve qu’elle est également ma tante. J’ai suivi son parcours depuis toute petite, et d’une certaine façon elle a aussi suivi le mien. Nous avons décidé de travailler sur un projet de transmission et de recréation de trois solos, qu’elle a choregraphiés et dansés elle-même dans les années 60 à la Judson Dance Theater à New York : Pastime, Carnation et Museum Piece. C’est la première fois que nous collaborons ensemble et de cette manière.
Je me plonge dans son univers avec amour et modestie.
 

Mon but est de reprendre ces trois solos au plus proche de leurs versions originales, tout en sachant qu’il n’existe pas de captations vidéo des versions de l’époque de la Judson.
Pendant deux semaines, Lucinda m’a transmis simplement ces 3 solos avec des indications exactes de chorégraphie. Elle a partagé avec moi ses anecdotes et ses archives de l’époque. Ensuite, elle m’a laissé ma part de liberté quant à l’interpretation. Aujourd’hui, il est de mon ressort de continuer à faire vivre ces solos. J’essaierai donc de me mettre dans la peau de Lucinda tout en restant moi-même. Je souhaite
également rendre hommage à cette femme d’exception qu’est Lucinda Childs.
Ces trois solos sont rares en Europe. A l’exception de Carnation – dont un extrait d’une captation faite par le BBC en 1984 est facilement accessible sur internet –, ces solos ont été peu présentés en dehors des Etats-Unis.
 
En plus du lien familial qui m’unit à Lucinda, et l’importance patrimoniale de la reprise pour la danse contemporaine, je pense que le travail de reprise, transmission et recréation est capital dans le parcours d’une interprète/danseuse. Depuis 10 ans, je danse pour plusieurs compagnies et m’investis avec passion dans la scène de danse,
en Suisse et à l’international, notamment avec les chorégraphes La Ribot ,Gilles Jobin etFoofwa d’Imobilité
.
 

J’ai déjà eu l’occasion de reprendre les pièces phares de La Ribot (Mas Distinguidas,
1997)
et Gilles Jobin (A+B=X, 1997.) Je souhaite utiliser mon expérience de danseuse pour revisiter et me réappropprier les trois solos que Lucinda m’a confiés tout en respectant la chorégraphie et le concept d’origine. Il faut à la fois saisir l’essence d’une pièce tout en se faisant confiance, et rester modeste devant des œuvres qui ont une telle importance pour la danse d’un point de vue historique.
C’est pour moi un vrai défi. Mais grâce à mon parcours riche et très vrariés, je m’approprie aujourd’hui ces solos dans la joie et me réjouis de les interpréter, surtout à Genève, ville où je réalise ma carrière de danseuse/interprète.

Eric Wurtz signe la recréation de la lumière. Il a déjà eu l’opportunité de collaborer avec Lucinda Childs. et pour la récréation de ces trois solos, son travail va être similaire au miens. En effet, il n’existe pas de plans de lumière de l’époque. En discutant avec Lucinda, en me regardant travailler et en s’appuyant sur les photos d’archives, il va tâcher de recréer l’ambiance de l’époque tout en prenant la liberté de s’approprier les pièces à sa manière.
 
CONTEXTE DE CRÉATION

Les recherches et les expérimentations entamées par la génération de danseurs et chorégraphes au sein de la Judson Dance Theater à New York, aux côtés de John Cage , Claes Oldenburg , Jime Dine, Robert Rauschenberg, Tom Wesselmann au début des années 1960 ont été très significatives pour le
devenir de la danse contemporaine. A cette époque, Lucinda Childs a réalisé trois pièces en solo : Pastime (1963), Carnation (1964) et Museum Piece (1965). Au travers de mouvements et d’objets de la vie quotidienne, du silence et du temps élargi, elle a cherché à détourner et faire réfléchir sur les nouvelles conceptions de la danse contemporaine ; et celles-ci ont changé pour toujours les générations suivantes.

Dans Pastime (1963), Lucinda Childs explore le rapport du mouvement et de l’objet. Un tissu extensible tendu des épaules à la pointe du pied évoque un petit bateau, un berceau, une baignoire. Ce premier solo composé de 3 parties est une mise en évidence et une mise en abîme des variations qui s’exploraient
dans la danse – la verticalité, l’utilisation de l’objet, d’une situation et le renversement. L’interpèrte attire le regard du public sur le tissu, permettant d’offrir à l’œil toutes les subtilités des mouvements d’un corps. Ce solo est accompagné par une musique de Philip Corner (sa composition résulte de l’enregistrement de l’eau dun robinet actionné par Lucinda durant la création.)

Carnation (1964) est le résultat d’une décision : concevoir une chorégraphie avec tous les mouvements possibles, exceptés ceux de la danse, et avec des objets que l’on considère comme ordinaires : des éponges, des bigoudis, un sac poubelle... Ces objets sont mis au service non pas d’une histoire, mais d’une méthode. Ce solo est immanquablement le plus connu des solos de Lucinda de l’époque Jusdon.

Museum Piece (1965) tient d’avantage d’une performance artistique ou d’un discours qu’une danse chorégraphiée. Cette pièce déconstruit et transforme la danse. Dans l’idée de l’objet trouvé de Duchamp, Lucinda prend une oeuvre d’art (Le Cirque, un tableau de Georges Seurat), se met à l’intérieur et le décrit dans l’espace non sans ironie.

Au moment de leur création, Lucinda a considéré ces trois solos comme des exercices, des expérimentations. Par la suite, elle a poursuivi son travail chorégraphique en revenant au mouvement pur.
50 ans après, je considère ces solos accessibles et d’actualité. Ils sont des esquisses, des essais qui sont devenus des œuvres majeures dans le monde de la danse contemporaine. J’estime qu’il est important de pouvoir partager ce travail avec le public d’aujourd’hui, non seulement avec les images et les
archives, mais aussi concrètement avec un corps dans l’espace et sur la scène –
avec mon corps et mon interpretation.
 
Ruth Childs