ressources Olga Mesa spectacle estO NO eS Mi CuerpO

estO NO eS Mi CuerpO

du jeudi 24 au samedi 26 avril 2003 à la Friche la Belle de Mai

conception, chorégraphie et interprétation Olga Mesa dramaturgie, espace scénique Olga Mesa et Daniel Miracle | créateur lumière, bande son et vidéo Daniel Miracle | manipulation bande son en direct Charo Calvo | violoncelle Fran Rios | matériel sonore Raul Haussman, Franz Non, S. Rachmaninov, Bruno Cruz, Enrico Caruso et DGM | costumes Bernardino Cervigon | photographie Daniel Miracle et Isabelle Meister
 
production Cie Olga Mesa avec le soutien de l‘INAEM (Ministère de la Culture et de l’Education) collaboration Estudio 3 (Madrid)
remerciements Olga Guerrero, David Fernández, Carlos Marquerie, La Ribot, Ana Buitrago, Carlos Fernández, Gilles Jobin, Moira Barriola

création novembre 1996 au XIII Festival d’Automne de Madrid/Théâtre Pradillo reprise février 2011 au Théâtre de la Ville/Paris

La production de mon travail se construit à partir de l’observation, de l’appropriation et de l’intervention d’une réalité qui nous envahit constamment. Je ne peux regarder le monde, sans créer immédiatement des liens familiers de désir et d’appartenance à ce que je vois et ressens. Ce qui m’intéresse, c’est de trouver dans les pensées du corps, le corps-exposé qui pose un point d’interrogation, invitant le spectateur à se reconnaître dans son propre reflet. Ma façon d’envisager la danse se constitue à partir du dialogue entre la présence du corps et l’espace que celui-ci occupe. Cette conversation invite à comprendre le corps dans l’incessante contradiction de ses émotions avec le soin de ne laisser se réaliser et se former aucun mouvement qui ne soit d’abord passé par sa chair et ses nerfs. Je ne veux pas de corps tranquilles, je veux des corps fatigués, désorientés, incommodes : des corps qui pensent.

Olga Mesa,
propos recueillis par Jean-Marc Adolphe


 

L’espace en commun
Olga Mesa aime à se définir en tant que "chorégraphe et artiste visuelle". Danseuse, oui, mais pas seulement. Depuis ses premiers spectacles, au début des années 90, Olga Mesa s’attache moins à élaborer un “style” chorégraphique qu’à “situer” le corps dans l’espace du regard. Refusant d’être vue comme une “attraction”, elle vise avec le spectateur une relation qui puisse toucher l’intimité de chacun. Qu’est-ce que la danse donne à voir d’un corps ordinaire ? "Mon corps vit une histoire commune à tous les autres corps", écrit Olga Mesa. "J’observe l’obéissance à ses instincts, ses petites erreurs, ses doutes, ses accidents, ses manifestations involontaires, ses envies et maladresses".
Le solo estO NO eS Mi CuerpO, avec lequel la chorégraphe espagnole a signé sa première apparition parisienne, la saison passée sur le plateau du Théâtre de la Ville, aura convaincu de l’intégrité d’une démarche sans concession, tramée d’obsessions apprivoisées qu’une poésie mutine tient à fleur de peau. Sans aucun artifice, Olga Mesa aura captivé par sa façon unique de “tenir l’espace”, c’est-à-dire de maintenir en tension le fil d’appartenance à un moment de vérité partagée, loin des pudeurs d’usage que requiert habituellement l’expérience de la “communication”.

Jean-Marc Adolphe,
extrait du texte paru sur le site mouvement.net


 

Un poème troublant tracé à la craie
Parfois la douleur et la beauté se cotoient.
Olga Mesa propose une danse remplie d’actes involontaires qui serre le coeur ; une reflexion authentique sur le corps où les chutes, les pirouettes, les réductions de perspective, les étirements portent l’artiste et sonpublic au bord d’un précipice, tant physique qu’émotionnel.
Olga Mesa appartient à cette avant-garde de femmes, comme La Ribot, qui cherchent obstinément à inventer une danse à fleur de peau, à trouver de façon desespérée une vérité poétique, en incorporant la danse au théâtre et/ou aux arts plastiques. Dans estO NO eS Mi CuerpO, titre-écho du tableau de Magritte, les jeux de lumière et les éléments scéniques de Daniel Miracle accentuent le lyrisme...
L’invitation de l’artiste est semée de questions qui flottent sans réponse. Olga salut en récitant un poème inachevé sur un homme à la recherche d’un sentiment. Elle avait auparavant interrogé le public : "yo soy o no soy ?". Des doutes partagés qui libèrent un parfum intense de vérité.

Charo Ramos Reyes,
extraits, février 2002