ressources Mark Tompkins spectacle Le Printemps

Le Printemps

vendredi 2 octobre à 20h | samedi 3 octobre à 19h | théâtre joliette-minoterie

 © Gilles Toutevoix
 
coproduction La Cie I.D.A. Mark Tompkins, subventionnée par la DRAC Ile-de-France/Ministère de la culture et de la communication au titre de l’Aide à la Compagnie, Le CDC Toulouse/Midi-
Pyrénées (accueil studio).
avec le soutien Fonds SACD Musique de Scène, La Villette - Résidence d’Artistes 2015, La Briqueterie CDC du Val-de-Marne, La Ménagerie de Verre (StudioLab), le Centre National de la Danse, micadanses Paris

avec Kamilya Jubran, Silvia Di Rienzo, Anna Gaïotti, Ananda Montange
 

conception Jean-Louis Badet et Mark Tompkins direction artistique Mark Tompkins scénographie et costumes Jean-Louis Badet lumière Séverine Rième musique, chant, oud Kamilya Jubran paroles de Fadhil Al Azzawi, Paul Chaoul, Hassan Najmi danse Silvia Di Rienzo, Anna Gaïotti, Ananda Montange textes Anna Gaïotti
 

administration, diffusion Amelia Serrano collaboratrice administration Sandrine Barrasso
 

durée 60’
 
Quatre solos qui s’enchevêtrent, quatre voix qui se mêlent. Le Printemps est une pièce chorale évoquant le destin croisé de quatre femmes, danseuses, chanteuses et musiciennes, aux origines et parcours différents, qui interrogent les thèmes de l’émancipation, l’errance et l’exil. S’affranchissant des contraintes sociales ou morales, elles se confrontent, se dépassent, et font entendre leur voix dans un contexte singulier, qui secoue leurs repères et fait chanceler leurs certitudes.
 

La pièce est construite à partir de solos qui dévoilent le cheminement de chacune. La musique originale live de Kamilya Jubran, chanteuse et joueuse d’oud, ainsi que les partitions d’actes et d’états des trois autres interprètes, Silvia Di Rienzo, Anna Gaïotti et Ananda Montange, se répondent et s’interpénètrent. A travers leurs propositions dansées, jouées et chantées, la pièce fait entrer en friction les réalités du monde avec leur imaginaire et celui du public.
 

Comment se défaire des facteurs, innés ou acquis, qui forgent l’identité ? Comment se libérer de ses passions, de ses préjugés ? Et si l’émancipation est réalisable, sera-t-elle à la hauteur de nos attentes et de nos espérances ?
 
N’ignorant rien des conflits et des tensions aussi bien en nous que dans la réalité qui nous entoure, nous éprouvons la nécessité de retrouver la matrice originelle, l’état inconscient d’émerveillement et de bienveillance sur le monde. Quatre personnalités indépendantes et fortes réinventent devant nous le patrimoine connus de tous : la pulsion de vie et de survie plus forte que tout. Le lieu clos de la scène devient le monde.
 

« Eblouissant solo au cœur de la dernière pièce de Mark Tompkins , Le Printemps : une danseuse vêtue d’amples volants se met à tournoyer. Les tissus flottent alors. Vite on devine la nudité en-dessous. Lâchant un volant après l’autre, le vêtement se défait progressivement. La danseuse poursuit nue sa giration de derviche. Splendide, quand la verticale de l’axe de toupie distribue la cambrure des rotondités du corps.
 

C’est là une manière de se dévêtir si insolite techniquement, qu’on s’y attache comme à une construction. La nudité en émerge comme un autre costume. L’art de Tompkins réside dans ce type de retournement : si Le Printemps est intensément coloré, sensitif, sa lecture arrache les signes de tout enfermement dans les codes, les formatages instaurés par les représentations dominantes.
 

Qui dit « printemps » peut vouloir dire arabe. Qui dit « femme arabe » dit, comme obligatoirement, femme voilée. Il y a bien deux burquas dans cette pièce. Juste le temps d’un gag burlesque. Tout le reste n’est qu’assomption jubilatoire d’une féminité, souvent bellement brandie seins nus, dans un chapelet d’apparences et situations énigmatiques. Ce sont les libertés du regard qu’il s’agit de dévoiler. Et non reconduire les tics médiatiques.
 

On fait la rencontre d’une musicienne palestinienne de haute trempe contemporaine (Kamilya Jubran). On capte les résonances d’une féconde poésie arabe. On observe des danses incertaines, accidentées à la renverse, chahut de corps insoumis, par trois femmes qui sont aussi circassienne, performeuse ou de la rue.
On traverse tranquillement des désordres dynamiques surgis de harems improbables.
 

Attardons-nous, pour une fois, au langage des costumes mêmes : foutraque garde-robe de championnes sportives, silhouettes orientales et créatures urbaines. De leurs voiles, on ne sait plus s’ils sont de djinns, babouchkas de livres d’enfants, bohémiennes diseuses de bonne aventure, Pussy Riot en fin de virée nocturne, mères de familles maghrébines ou combattantes masquées sur le front des rudes manifestations du temps. »

Gérard Mayen, Voile et jubilations, extrait