ressources Josef Nadj spectacle L’anatomie du fauve

L’anatomie du fauve

1995 - hiver

le vendredi 31 mars 1995 à 21h au théâtre Toursky

Un spectacle du Centre de Production Chorégraphique d’Orléans, coproduit par le Théâtre National de Bretagne-Rennes, le Théâtre de la Ville-Paris, La CoursiveScène Nationale-La Rochelle, le Carré Saint-Vincent-Scène Nationale d’Orléans Loiret. Le Centre de Production Chorégraphique d’Orléans est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Francophonie-Délégation à la Danse, la Ville d’Orléans, le Département du Loiret.
Spectacle créé le 24 novembre 1994.

chorégraphie Josef Nadj musique originale Stevan Kovac Tickmayer scénographie Goury lumières Rémi Nicolas avec Franck Micheletti, Peter Gemza, Denes Dobrei, Jozsef Nagy, Gyork Szakonyi, Istvan Bicskei et Stevan Kovac Tickmayer, piano, Chris Cutler, percussions
 

Ce spectacle est un hommage à un écrivain-voyageur, Vojnich Oskar, né en 1864 en Hongrie, mort en 1914 en Egypte, à Port-Said et qui, poussé par son désir de voyage, passa les vingt dernières années de sa vie à parcourir le monde : Moyen-Orient, Afrique, Asie...
Il commence par se passionner pour les paysages volcaniques et les manifestations des forces terrestres. Par goût de l’aventure, il découvre l’expérience de la chasse aux fauves en Afrique et peu à peu s’attache à l’étude des langages humains qu’il rencontre sur sa route.
Parallèlement à ses observations sur la nature et les fauves, il se met peu à peu à poser et reposer les questions concernant l’origine des forces enfouies dans l’homme qui le poussent à conquérir les espaces lointains et le fondement de ses instincts primordiaux.
 

Entre temps, l’Europe sombre dans une période d’autodestruction et les prémices d’une guerre apparaissent. Il préfère ne pas rentrer. Il met un terme à son chemin. Le jour de ses cinquante ans, il se suicide à Port-Said.
Ses observations et son destin sont devenus la matière d’un questionnement qui demeure le nôtre aujourd’hui
Comment sauvegarder le chemin que l’homme s’est péniblement construit quand celui de l’histoirese brouille, s’effondre ?
Comment avancer dans cette synthèse que l’homme a constamment à faire entre ce qu’il est, ce qu’il possède et l’inconnu, le lointain ?
Comment retrouver dans les profondeurs de l’humain ce moment où son instinct promordial côtoyait encore l’instinct originel de l’animal ?

Josef Nadj


 

Depuis Canard pékinois, sa première pièce créée en 1987, cet ancien élève des Beaux-Arts à Budapest puis à Paris, n’aura cessé de mettre en scène la légende dorée de Kanizsa en une geste fastueuse qui, pour mieux se danser, rit des lois de l’apesanteur. Ce fut tantôt la chronique ethnico-familiale rapportée, eut-on dit, à la manière d’un mystère médévial (s’il n’y avait eu, aussi, un loup-garou entre le père, la mère, le boeuf et l’âne) ; tantôt l’évocation d’un auteur maudit, Géza Gsath, poète et opiomane, compatriote versé dans des expériences limites (accessoirement, aussi, meurtrier de sa femme). Sans oublier la saga jubilatoire des pompiers bénévoles de Vojvodine, figures d’artistes authentiques sortis d’un kiosque de village, ressuscités dans Les échelles d’Orphée, sa précédente pièce et qui de Sept peaux de rhinocéros (1988) à Comedia tern-plc, (1990), en passant par La mort de l’empereur forment un univers dans lequel se déploient toutes les ruses du fantastique et du surnaturel : escamotages, truquages et autres métamorphoses d’un monde qu’on se prend, sous l’influence du chorégraphe, à souhaiter -tel qu’il est- voir disparaitre. Car tel qu’il est, le monde réel n’est-il pas celui où, en manière de code de conduite, on peut trouver, par exemple, des ouvrages au titre singulier, tel ce Comment chasser les animaux sauvages, signé d’un certain Vojnich Oskar, natif comme Nadj de cette incertaine frontière entre Hongrie et Serbie et où, dans le désastre que l’on sait, le chorégraphe s’obstine à puiser, pour la survie de son imaginaire ? Et du nôtre avec.

Brigitte Paulino-Neto, extraits,
journal du Théâtre de la Ville