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Carnation de Lucinda Childs

vendredi 27 mars à 21h | samedi 28 mars à 19h | petit plateau | friche la belle de mai

Carnation et Mas distinguidas ont été transmises à Ruth Childs par Lucinda Childs et La Ribot respectivement, entre juillet et septembre 2014.
 

Carnation, 1964
chorégraphie et interprétation Lucinda Childs
reprise 2015 interprétation Ruth Childs lumières Eric Wurtz
durée 20’ environ
 
« Conceptuel » et « minimaliste » sont les courants auxquels l’on rattache le plus souvent le travail de la célèbre chorégraphe et danseuse américaine Lucinda Childs : on pense à sa contribution pour l’opéra en quatre actes de Philip Glass, Einstein on the Beach (1976) ou à Four Elements (1990), commande de la Rambert Company. Cependant, certaines de ses premières oeuvres, élaborées au Judson Dance Theatre à New York, convoquent une esthétique très différente. Pastime (1963),
Carnation (1964) et Museum Piece (1965) regorgent d’humour dadaïste et d’influences duchampiennes ; elles témoignent d’un esprit ludique et font appel à une manipulation inventive des objets du quotidien dans une interprétation pince sans rire étudiée. Avec ces pièces, Childs (comme Trisha Brown et Yvonne Rainer) a contribué à déplacer la danse hors des frontières du théâtre, dans le « champ élargi » de l’art contemporain.
Carnation est le résultat d’une décision : créer un ballet avec des objets ordinaires et tout sauf sauf des mouvements de danse. Ces objets sont au service non pas d’une histoire, mais d’une méthode.
 

En été 2014, la danseuse Ruth Childs, nièce de Lucinda, "hérite" de Pastime, Carnation et Museum Piece. Elle commence à travailler sous la direction de sa tante pour présenter les soli à une nouvelle génération de spectateurs. La Ribot, qui envisage de transmettre sa série Mas distinguidas de 1997, propose de réunir ces deux nouvelles interprétations en un projet commun.
L’idée de présenter en parallèle ces deux œuvres naît donc du besoin des deux artistes de transmettre à une nouvelle génération de danseuses une partie importante de leur répertoire. La transmission du répertoire par la reprise de pièces emblématiques est extrêmement importante pour
les faire connaître au public, maintenir et perpétuer les créations qui ont marqué l’histoire de la danse.
Mis en perspective, les deux univers créatifs font ressortir des lignes de fuite qui les rapprochent, tant au niveau de la composition scénique, que d’une certaine idée de la danse.
Dans les deux œuvres, l’activité performative de l’artiste donne lieu à une utilisation concrète de sons du quotidien : l’eau courante, une horloge et un aspirateur, par exemple. Les deux performances impliquent un assortiment d’objets de tous les jours, articles produits en masse, avec une dimension parfois comique, comme une passoire métallique (Childs) ou un poulet en caoutchouc (La Ribot). Les deux commentent des géométries formelles de la chorégraphie et critiquent l’idée de la performance
virtuose : elles exigent un sens de l’équilibre maîtrisé, un positionnement précis et une manipulation habile des objets, mais au service des attitudes et des mouvements, loin des conventions habituelles de la danse. Les deux artiste sont vêtues de façon étrange et glamour.
Alors que dans les pièces de Childs, le corps est traité de manière très formelle - le corps et les objets semblent interchangeables – dans celles de La Ribot, il reste paradoxalement à la fois objet (instrument chorégraphique) et sujet : vulnérable et vivant, le corps constitue ici le pôle opposé à l’attirail d’objets inanimés de Mas distinguidas.
Les deux œuvres se rejoignent dans le traitement plastique et la nature quasi picturale de la composition chorégraphique : les deux artistes pensent le geste et la narration en blocs de couleurs et se font écho, à trente ans de distance, dans une troublante symétrie – rouge et bleu pour
Carnation, bleu et rouge pour Mas distinguidas.
Pour chacune des chorégraphe et interprète, la posture de l’auteur, centrale et unique sur scène, souligne sa force de distinction.
Enfin, les deux œuvres tiennent à une idée de la chorégraphie comme « une structure qui n’est pas le résultat de l’organisation du mouvement dans le temps et l’espace. La chorégraphie consiste plus que tout autre chose à organiser des matériaux hétérogènes, des mouvements, des corps, des langages, des textes, des images, des lumières, des espaces et des objets. Ainsi, la chorégraphie est quelque chose de général qui inclut le corps dansant. » (Gerald Siegmund)
 

Ruth Childs
 
Née à Londres en 1984, elle grandit aux États-Unis où elle commence la danse classique à l’âge de 6 ans. Elle achève sa formation de danse classique au London Studio Center, dont elle ressort diplômée en 2003.
Elle intègre ensuite le Ballet Junior de Genève et rencontre le chorégraphe Foofwa d’Imobilité, avec lequel elle commence à travailler à partir de 2006. Elle danse dans ses créations BodyToys (2007), The Making of Spectacles (2008), Laréduq (2011) et Fénix (2012) entre autres. Elle travaille également avec d’autres chorégraphes genevois dont Jozsef Trefeli (Ooorpheus, 2009) et Louise Hanmer (Roll-Over, 2009).
Elle est engagée par La Ribot en 2010 pour une reprise de rôle dans Llámame Mariachi, et fait partie de la nouvelle distribution de Laughing Hole (2006). En 2011, elle est également interprète pour la
création PARAdistinguidas, 4ème série des pièces distinguées et l’assiste pour sa pièce EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!! créée pour le ballet de Lorraine en 2012.
En 2012, elle commence à travailler pour Gilles Jobin dans le cadre de deux reprises, Spider Galaxies et A+B=X, ainsi que pour Massimo Furlan, dans sa création Giacomo et 10x Eternal. En 2013, elle
collabore à nouveau avec Gilles Jobin pour Quantum.
En 2014, elle hérite des soli de Lucinda Childs (Pastime, 1963, Carnation, 1964, Museum Piece, 1965) et de La Ribot (Mas distinguidas, 1997).
En parallèle à sa carrière de danseuse interprète, elle cofonde un duo musical avec le musicien Stéphane Vecchione, Scarlett’s Fall, dont le premier album éponyme est paru en décembre 2014.