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Duende y misterio del flamenco

1993 - hiver

un film d’Edgar Neville, 1951, 90’

vendredi 15 janvier 1993 à 21h au théâtre Toursky

Film en couleur - 1h30 - 1951
soirée présentée par Patrick Bensart, directeur de la cinémathèque de la danse en collaboration avec la cinémathèque de la danse à la cinémathèque française
 

musique Isaac Albéniz, Enrique Granados, Federico Chueca, Padre Saler et flamenco populaire avec Antonio, Rosarlo Escudero, Pilar Lopez et le Ballet espagnol, Roberto Ximénez, Alejandro Vega, Maria Luz Galicia, Manolo Vargas, Alberto Lorca, Elvira Real, Dorita Auiz, Pacita Tomas, Juanita Acevedo, Mely Jardines, Merceditas Broco, Juana Loreto, Carmen BernaI et Aosarito Arriaza, Manuel Romero, Juan Angel et Roque de Jerez. Textes dits par Fernando Rey.
 

UN POEME VISUEL
En 1951, Edgar Neville, écrivain espagnol et grand ami de Jean Cocteau, décide de gagner l’Andalousie pour y tourner ce qui deviendra le plus beau documentaire-fiction de flamenco de l’histoire du cinéma : Duende y misterio del flamenco.
Ce journal de voyage se déroule au coeur d’un des plus poignants paysages du monde : coteaux brûlés par le soleil de Jerez, village légendaire de Rondo (où vécut Ailke et lieu mythique de la tauromachie), rives langoureuses du Guadalquivir, ce fleuve-roi qui conçut dans ses courants, tour à tour tumultueux et paisibles, l’âme du flamenco.
Le flamenco, comme le jazz, est né de la rébellion et de la rage de vivre. Il étendit son empire, telle une traînée de poudre, de Séville à Grenade, de Cadix à Cordoue, noms aux senteurs de miel et d’alcools qui nous entraînent dans un rêve charnel jusqu’aux portes de l’Orient.
La magie de cette oeuvre tient à son rythme, à cette impression de lenteur et de dérive bercée par le (ante jondo, à cette manière unique de mêler la sensualité des paysages, le grain de la terre à la beauté prenante du corps des danseuses, des danseurs qui dessinent les arabesques, les passes d’un mystère où se nouent la jouissance et la mort. Coupant court à tout effet de dramatisation, ce film nous met en rapport direct avec le réel : c’est une oeuvre de la veine du Louisania Story de Flaherty et du Tabou de Murnau. Films cultes où le réalisme se nourrissait au feu sacré. Certaines des fulgurances de ce poème visuel demeurent à tout jamais inoubliables : Antonio à Rondo, Rosario Escudero, Pilar Lopez, Manolo Vargas et tant d’autres ...pour l’éternité.

Patrick Bensard.


 

Ce film fut tourné en Cinefotocolor. Inventé en 1947 par Daniel Aragonés dans son laboratoire de Barcelone, ce procédé était basé -dans sa version définitive- sur l’enregistrement simultané, à l’aide de caméras placées de manière longitudinale à travers une lentille prismatique, de deux négatifs en noir et blanc sélectionnant au moyen de filtres la gamme du spectre imprimant chaque négatif soit en rouge/orange, soit en bleu/violet. Lors du tirage des copies -réalisées également sur du support en noir et blanc- le film passait deux fois dans la tireuse, se colorant au fur et à mesure d’une teinte opposée à celle du négatif ; on procédait ensuite au développement et au lavage de la copie qui était fixée dans certains cas, au terme de l’opération, après une nouvelle teinture en jaune, utilisée comme complément des couleurs. L’utilisation d’émulsions colorantes mit fin aux procédés qui employaient plusieurs négatifs durant le tournage, dont le plus célèbre de tous : le Technicolor. Un grand nombre de films tournés à l’aide de ce système finirent par disparaître complètement. Le négatif de Duende y misterio del flamenco s’était décomposé. A partir de trois copies miraculeusement retrouvées en 1989, La Filmoteca de Madrid l’a reconstitué, sous la direction personnelle de Daniel Aragonés.
 

A propos de ce film rare "rareté documentaire, poétique, musicale et technique", Francis Marmonde a écrit "Le titre ne ment pas. On entend le mystère et l’on pressent le duende, cet accident divin de la danse".
 

 

Edgar Neville : Né à Madrid en 1899, il suit des études de philosophie, de lettres et de droit, puis embrasse la carrière diplomatique. Il vivra ainsi en Amérique, en Asie et en Europe.
C’est à Hollywood qu’il fait l’apprentissage du cinéma en tant que scénariste et devient l’ami de Douglas Fairbanks, Marie Pickford, William Hearst, Marion Davies « son amour éternel », et Charlie Chaplin dont il resta très proche. Il retourne en Espagne en 1935 où il réalise notamment son premier long métrage et des documentaires sur les insurgés durant la guerre civile.
Il est également connu en tant que romancier, poète, essayiste, conteur et auteur de comédies. Il est mort en 1967.