ressources création collective Beaucoup de colle préconise Kurt Schwitters

Olivia Grandville et Xavier Marchand

Beaucoup de colle préconise Kurt Schwitters

1996 - printemps

du mardi 25 au jeudi 27 juin 1996 au théâtre des Bernardines

Une co-réalisation Les Bernardines - Marseille Objectif Danse

Co-production La Spirale de Caroline - Olivia Grandville / Lanicolacheur - Xavier Marchand. Commande du Centre National Georges Pompidou dans le cadre de l’exposition Kurt Schwitters en décembre 1994.
La Spirale de Caroline est une compagnie de danse subventionnée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon. Lanicolacheur est une compagnie de théâtre subventionnée par la Ville de Marseille, la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.

conception : Olivia Grandville et Xavier Marchand protagonistes : Hubertus Biermann, Yves-Noel Genod, Frédéric Gies, Camille Grandville, Olivia Grandville, Xavier Marchand, Alain Michard, Annabelle Pulcini lumières : Marie Vincent son : Francis Maillé, assistante : Anne Abeille, film réalisé par Tim Mendier
 

Si l’on connait l’ouvre picturale de Kurt Schwitters, si les poètes concrets ou sonores le tiennent pour un précurseur, on sait moins la place que donnait l’artiste de Hanovre à ses écrits.
Très peu d’entre eux sont traduits en français.
Certains ont servi de matière textuelle et musicale au spectacle que nous avons créé en 1993 : le K de E, pièce pour danseurs et comédiens.
Le travail réalisé au Centre Georges Pompidou, dans le cadre de l’exposition Schwitters, repose sensiblement sur le même principe : présenter un éventail des genres textuels du créateur de MERZ, en partant de la prose, puis de la poésie tendre vers les formes les plus abstraites.
La structure même de ces textes : récits, saynètes, poèmes typographiques ou sonores, voire même écrits théoriques, contiennent presque en eux-mêmes leur représentation orale, théâtrale, ou simplement chorégraphiques ; Schwitters se produisait souvent lors d’évènements.
A l’instar de ses oeuvres picturales, se retrouvent les mêmes procédés : l’assemblage, l’accumulation, le collage, le recouvrement, l’utilisation de matériaux hétéroclites, les nombreuses redites (Anna Blume apparaît dans les textes comme dans les tableaux, Anna Blume, poème-affiche traverse la foule vociférante du Printemps filiforme, Anna Blume se décline) et le caractère provoquant de ces textes énerve, étonne, quand ils ne tournent pas en pensées folles, en non-sens orchestré selon de stricts principes rythmiques.
Les textes que nous présentons (liste non exhaustive) :
Auguste Boite, le printemps Filiforme de Franz Muller, Le jeu du Berger, Ribble Bobble Pimlico, Anna Fleur viendra bien conjuguer ses tendres boutons, Un des scherzo pour toux ou pour éternuements, Le peintre en plat et le peintre en relief, présentés à la manière dont Schwitters utilisait la variété des éléments, des rythmes et des couleurs, pour dégager ce qui émane de la vivacité de ses tableaux.

Olivia Grandville et Xavier Marchand.


 

 

Kurt Schwitters (Hanovre 1887-Am bleside 1948)
L’exploration de la planète Schwitters commence avec un element de code, Merz... Sans ce mot de passe, vous vous égarerez sans doute dans le labyrinthe des affiches, peintures, collages, textes de cet artiste complet, de cet homme quasi universel. Merz est le fragment d’un mot découpé dans une affiche de banque : cette syllabe, détournée de son champ sémantique (Kommerzbank), fonctionne un peu comme signalétique absurde (merken signifie « marquer » en allemand), et rappelle l’acte dadaïste de désignation intempestive, incongrue. Merz : débris, rebuts de toutes sortes composant des tableaux-reliefs, mots imprimés et saisis au hasard, poèmes visuels. L’artiste allemand démontre magistralement qu’on peut faire de l’art avec tout, notamment avec les déchets, fragments (Merz) du capitalisme (Kommerzbank). Pierre Corcos
 

A propos du K de E qu’ils ont créé ensemble en 1993, d’après l’oeuvre de Kurt Schwitters :
Faire ce pour quoi Dominique Bagouet nous avait réunis autour de Noces d’Or (création sur des textes de Jean Rouaud), afin de poursuivre avec lui l’exploration d’un paysage où comédiens, danseurs et musiciens cohabiteraient avec le poète. Pour tenter la collusion entre le langage des mots et celui des corps, pour bousculer leur point de résistance, pour nourrir la création de faces à faces ambigus.
Parce que la trace de la présence de Dominique nous rassemble en un temps donné, dans une communauté de pensée que nous voulons saisir avant qu’elle ne nous échappe.
Or, l’un et l’autre avions déjà expérimenté ce type de rencontres : Olivia Grandville dans Balivernes sur les longues vues, chorégraphie pour trois danseuses et une comédienne sur des textes de Lewis Carrol ; Xavier Marchand dans Aboli Bibelot, spectacle d’après Mallarmé, où intervient une danseuse et dans Le Monde est Rond de Gertrude Stein, conçu pour une comédienne et un musicien.
De plus, nous connaissions, par l’intermédiaire du comédien et musicien Hubertus Bierrnann, les travaux de Kurt Schwitters. Et lorsqu’à la disparition de Dominique Bagouet il nous a été demandé de proposer un projet de spectacle, notre choix s’est vite porté sur cet inépuisable artiste, qui, à travers l’éclatement du sens, fondement de toute son oeuvre, nous parut faire violemment écho à la situation que nous étions en train de vivre. (...)