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Portraits de John Cage

vendredi 20 novembre 1998 à 19h au C.I.P.M. et au Cinémac II

une co-production la Nouvelle B.S., l’Ensemble Aleph, la Compagnie Picomètre, Marseille Objectif Danse en collaboration avec la Cinémathèque de la Danse.

[Lecture]
de Pierre Lartigue
 
Pierre Lartigue a traduit : John Cage, Le livre de Champignons, éd. Ryôan-ji, 1983
et publié notamment : John Cage, Mirage Verbal (Writings through Marcel Duchamp, Notes), ed. Ulysse fin de siècle, 1990
 

 

[Musique et danse]
par l’Ensemble Aleph et la Compagnie Picomètre
musique de John Cage : Our spring will come, Sonates et interludes - 4 extraits
piano préparé : Sylvie Droin
danse : Sophie Mathey, Hélène Viallat, Philippe Reinaldos
 

Ensemble Aleph
Créé en 1983 par cinq solistes associés -dont Sylvie Drouin- en un groupe d’interprètes et de compositeurs travaillant sur les relations possibles entre le son et le texte, le mouvement et la musique, l’Ensemble Aleph ne ressemble à rien de précisément définissable. Qu’il s’agisse de spectacles ou de concerts permettant une mise en perspective d’écritures contemporaines, il offre la relecture d’oeuvres établies ou la découverte de compositeurs (Dominique Clément, Eric de Clercq, Jean-Charles François ou Ernest H. Papier). Travaille aussi avec des écrivains.
 

Compagnie Picomètre
Sophie Mathey s’est formée au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers ; Depuis 1991, elle entretient une fidèle collaboration avec l’Ensemble Aleph et notamment le clarinettiste Dominique Clément.
Philippe Reinaldos a été interprète chez Rui Horta, Sidonie Rochon, Régine Chopinot...
Hélène Viallat a été interprète chez Peter Goss, Hervé Robbe, François Verret, Odile Duboc, Stéphanie Aubin, Sylvie Giron et Bernard Glandier...
 

 

[Cinéma]
Cage/Cunningham de Elliot Caplan, 1991, 35mm, 95’, sonore, couleur, vo sous-titrée
chorégraphie Merce Cunningham, musique John Cage,
avec Michel Guy, Merce Cunningham, John Cage, Nam June Paik, Robert Rauschenberg, Carolyn Brown, Viola Farber, Alvin Lucier, Christian Wolff, La Monte Young, Gordon Mumma, Rudolf Noureev, M.C. Richard, Doris Dunnison, David Tudor, Jean Rigg, Jasper Johns, Frank Stella, Edwin Denby, Irwin Krement, Bonnie Bird, Virgil Thomson, Marianne Preger-Simon, Remy Charlip, la Compagnie Cunningham.
 

« J’aime à penser que chaque chose a non seulement sa propre vie, mais son centre, et que ce centre est, à chaque fois, le centre même de l’Univers. Or, cela, c’est l’un des thèmes principaux que j’ai retenus de mon étude du zen. Ce que m’a appris Suzuki, mon maître de zen, c’est que nous ne cessons d’établir, hors de la vie des choses, un moyen de mesure, et qu’ensuite nous nous évertuons à replacer, dans le cadre de cette mesure, chaque chose. Nous nous efforçons de poser des relations entre les choses, grâce à ce cadre. Alors nous perdons les choses. Le zen nous enseigne que nous sommes en réalité dans une situation de décentrement, par rapport à ce cadre. Dans cette situation, chaque chose est au centre. Il y a donc bien une pluralité de centres.
Et tous sont en interpénétration. Et le zen ajoute : en non obstruction. Vivre pour une chose c’est être au centre.
Cela entraîne l’interpénétration et la non-obstruction. »

John Cage, in Pour les oiseaux.


 

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Merce Cunningham et John Cage : le pessimiste et l’optimiste
Ces deux hommes furent toujours l’âme de la compagnie. Ils travaillèrent d’emblée en étroite collaboration lorsque, dès 1943, ils se mirent à donner des concerts ensemble. L’un était un pragmatique, sujet même, dans les premiers temps, à des accès de pessimisme. L’autre était un optimiste qui, par son bouddhisme zen, soutint la compagnie aux pires moments de ses débuts : il se fit mentor, gourou, manager, tourneur, chargé de publicité, collecteur de fonds, chauffeur de bus, cuisinier, préposé au moral des troupes, tout en continuant d’assumer,
bien sûr, ses principales responsabilités de compositeur, pianiste, arrangeur et chef d’orchestre. L’optimiste fut longtemps l’âme, le coeur, l’esprit et la conscience de la compagnie. Il la consolida par son inaltérable foi dans le travail. Sans son aide infatigable, il y eût peu de chances que la compagnie existât aujourd’hui. Mais l’optimiste cédait parfois au découragement et c’est alors que le pragmatique sauvait la situation. C’était à sa façon un
être tout aussi imperturbable - un drogué du travail qui n’arrêtait pas de composer des danses, qui n’arrêtait pas de danser (en pleine forme ou blessé, qu’importe) parce que, disait-il, il ne savait rien faire d’autre. Il travaillait donc sans relâche, parcourant tout le pays en donnant des stages professionnels pour régler les dettes de la compagnie, tenant la comptabilité, envoyant des courriers à n’en plus finir pour trouver des contrats et enseignant jour après jour, d’abord pour joindre les deux bouts, ensuite par responsabilité envers ses danseurs. (...)
Vous l’avez deviné, j’ai une profonde affection pour ces deux hommes.

Carolyn Brown, danseuse, 1980